top of page

Episode 6 : Une étrange corneille, mal en point mais pas tant non plus, comment savoir?



Mardi 9 Juin au soir.


L’oiseau est dehors.

Avec ses parents.

Sa santé est suspicieuse.

Et les tondeuses municipales des espaces verts rôdent autour de leur habitat.

Je ne suis pas sereine pour l'oiseau.


Entre temps, il a passé une nuit chez moi dans un carton, fait un voyage de son chemin rezéen jusqu’à une adorable vétérinaire de St Nazaire, étonné celle-ci par la blancheur inhabituelle de ses plumes, subi une radiographie des ailes, été désinfecté d’une plaie jaunâtre peu jolie, et diagnostiqué apte à être redéposé dehors, quoique.

Quoiqu'elle est vraiment très maigre, disait la vétérinaire.

Quoique ses étonnantes plumes blanches sont sûrement le signe d’une mauvaise santé, dit la vétérinaire.

Quoique son chemin de promenade voit passer beaucoup de chiens.

Quoique je sais que les espaces verts tondent avec leurs tracteurs aux lames affûtées tout autour ces jours-ci.

Quoique mon ami et moi lui découvrons sur le retour une énorme tique au niveau du cou que nous lui arrachons et plongeons dans un bocal de javel. J’apprendrais en m’avalant des thèses vétérinaires que les tiques sont la plus-part du temps mortelles, et que les plumes blanches sont un signe de leucisme, lui-même signe de fortes carences alimentaires, quand les symptômes fréquents de la tique sont l’anorexie, tiens ! Ça concorde.

En plus, sans doute je vais vous paraître bizarre, mais quand je me concentrais en posant mes mains autour du carton, dans ces moments où j’explore l’énergie magnétique en me prenant pour une sorcière, je sentais comme un tournis très fort qui n’avait de cesse de tourner. Un peu comme un trouble neurologique. Ou un bad avec du shit. Non, je vous vois venir, non, ni l’oiseau ni moi qui me prenais pour une sorcière n’avions fumé, je n’ai plus besoin de substances pour être un brin chtarbée.

Toujours est-il qu’à ce moment là du récit, j’ai déjà appris beaucoup. J’ai redéposé l’oiseau. Auprès de ses parents. J’ai appris:


-Que des corbeaux de taille adultes retrouvés au sol étaient bien souvent des juvéniles tombés du nid et qu’ils étaient protégés par leurs parents.


-Que cela pouvait parfois durer une quinzaine de jours, le temps qu’il s’envole.


-Que les chats ne se risquent pas à les attaquer car ils se prennent des coups de becs terrifiants et mérités autrement.


-Que le parentage est long, un an au moins, et très fort chez les corvidés.


-Que les parents cherchent leur enfant a minimum entre 24 et 48h.


-Que les oiseaux se reconnaissent entre eux à l’oeil et à l’oreille, et non pas à l’odeur comme les mammifères. D’ailleurs les études prouvent qu’ils reconnaissent aussi les visages humains.


J’ai appris aussi qu’il ne fallait pas amener un corvidé chez un vétérinaire lambda car hormis les choucas des tours dans quelques départements, ces derniers sont considérés comme des nuisibles et sont donc tués, les vétérinaires n’ayant a priori pas le droit de les soigner. L’exception est tolérée pour les Centres de la Faune Sauvage, mais certains sont moins enclins à soigner cette espèce commune que d’autres animaux plus rares.


C’est pourquoi nous avons été jusqu’à St Nazaire, chez une vétérinaire passionnée qui connaît son sujet. Je vous recommande son association "Les Alcidés".

Déjà au téléphone, quand la corneille était dans le carton, sur conseil du Centre de la Faune Sauvage de Nantes que j’avais eu au téléphone pour savoir quoi faire vis à vis d’un "corbeau au sol à l’allure d’un petit vieux", pendant que j’étais bloquée chez moi le temps que l’incendie de l’appartement du dessus finisse d’être maîtrisé par les pompiers (oui cette journée était un peu spéciale), cette vétérinaire que j’ai rappelée par erreur de manipulation en pensant l’avoir eût elle précédemment quand c’était en fait le centre de Nantes, donc, excusez-moi je reprends mon souffle et le vôtre.

Je disais, déjà au téléphone, le soir où j’avais récupéré la corneille, cette vétérinaire de St Nazaire, rappelée par erreur quand précédemment, je n’avais eu que son répondeur, m’alertait sur le fait que sans doute je l’avais birdnappée à ses parents. Moi j’avais suivi les conseils du Centre Nantais qui m’avait dit de la récupérer pour vérifier son état, sans me parler de juvénile ou quoi, et moi je croyais qu’elle était vieille avec ses plumes blanches.

Cette nouvelle vétérinaire m’encourageait à la redéposer si je ne lui constatais pas de fracture. Difficile à dire quand on y connaît rien. En plus elle avait une plaie peu jolie au niveau de l’aile. La vétérinaire ne voyait pas bien les photos envoyées et n’osait pas me demander de parcourir 100 km pour qu’elle l’ausculte, tout en sentant que ce serait bien, et qu’elle pourrait se libérer entre deux rendez-vous.

Un coup de fil à mon ami Cris, et le tour était joué, le rdv était pris.

Ça tombait bien, Cris avait la nécessité pour son contrôle technique de décrasser le moteur en roulant un nombre important de kilomètres, prescription du garagiste, sans quoi sa voiture ne passerait pas les nouvelles normes écologiques. Oui, fallait qu’il pollue et qu’il roule davantage pour avoir une voiture moins polluante, en effet. Cris vous dirait qu’en plus c’est n’importe quoi car le souci de pollution constaté ne prenait effet qu’à une vitesse de 150 km/h, hors, bah logiquement il ne roule pas à cette vitesse. Enfin toute cette aberration de fausses mesures écologiques qui ne sont que des trappes à pauvres pour relancer la consommation, c’est lui qui vous le racontera peut-être. Bon, et puis en vrai, contrôle technique ou pas, Cris est comme moi sans emploi, et aime aussi beaucoup les animaux.

Donc on la lui a amenée dès le lendemain matin. Entre temps, après l’avoir laissée se remettre un peu des émotions, je lui donnais à boire avec une pipette à chatons que m’avait filé la voisine, parce qu’elle ne buvait pas son écuelle. J’essayais aussi de l’aider à manger les croquettes de chat gonflées d’eau, mais elle ne semblait pas intéressée. Pour cela, elle se positionnait sur ma main, et même qu’elle s’est perchée sur mon épaule pendant que je filmais ce moment de béquée. Elle a fait pareil à la vétérinaire le lendemain. Celle-ci craquait de cette confiance qu’elle nous donnait spontanément tout en s’attristant de cette faculté à s’imprégner de l’homme, un des plus grand danger pour sa survie ultérieure. Alors j’ai compris que même si c’était plus pratique pour la nourrir, ce geste n’était pas le meilleur à faire. Et mon ami Cris et moi, après lui avoir enlevé la tique, sans être parvenus à avoir les espaces verts au téléphone, on l’a redéposée.

Je devais partir en Bretagne le Vendredi (revoir ma famille après plusieurs mois de confinement), et ne pouvais donc pas veiller sur elle à distance. Je m’étais dit que si j’apprenais qu’ils tondaient à moins d’une semaine, je la confierai à la vétérinaire qui la réintroduirait, ou à une amie à la campagne qui vit déjà avec toute une famille inter-espèces et qui lui donnerait beaucoup d’amour tout en prenant garde à lui offrir le meilleur pour qu’elle vive une vie libre. La Cour des Aulnays, je vous conseille ce lieu, il est magique, et il a urgemment besoin d'aide.


Mais le dilemme sur la meilleure des conduites à tenir ne quittait pas ma tête.

Kommentare


Post: Blog2_Post

Formulaire d'abonnement

Merci pour votre envoi !

  • Facebook
  • Twitter
  • LinkedIn

©2020 par Luna creciente. Créé avec Wix.com

bottom of page