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Episode 4 : Vers qui chercher de l'aide quand une corneille vient vous trouver?


Je racontais donc que ce jour-là je cheminai vers mon terrain de chasse industriel. Point de plage au programme comme la semaine précédente cette fois-ci, non, en revanche

je m’étais mise en tête d’aller manifester dans ces premières palpitations d’un semblant de démocratie post confinement.

C’est moins affriolant qu’une plage, on s’entend. Surtout, ce qui changea la donne ce jour-là, c’est que la semaine passée, autant la corneille perchée me croassait dessus avec un message bien clair qui me sommait de ne pas m’approcher, autant, ce jour-ci, ce lundi 8 Juin, la corneille semblait m’intimer le contraire.

À l’autre extrémité du chemin où nous nous étions rencontrées juste après le fracas de leur habitat la semaine passée, elle croassa fort en me voyant arriver. Elle croassa et se posa sur une branche assez près de moi. À sa manière de le faire en me ciblant spécifiquement, je savais sans l’ombre d’un doute qu’elle me reconnaissait. Pour les plus sceptiques d’entre vous, sachez qu’effectivement les corbeaux reconnaissent les visages humains. Attention, je m’égare dans les deux paragraphes suivant sur notre rapport à l’intelligence animale. Sautez donc à CHUT! si ça vous fait trop de blabla théorique !


Disgression théorique sur comment notre pollution intellectuelle culturelle nous prive de savoirs instinctifs et de richesses interactionnelle avec les animaux. Comme évoqué déjà dans le post de l’épisode 1 au « DONC PAS LÀ », l’homme ici veut se distinguer de l’animal. Et combien d’éleveurs de gros cheptels ont besoin de se persuader que leur porcs sont stupides pour pouvoir les traiter comme l’exige la rentabilité ? Déjà, considérer que le respect dû à une forme de vie serait proportionnel à son niveau d’intelligence prête fortement à débat (et qu’est-ce que l’intelligence sinon une projection auto-centrée des qualités qu’on valorise en nous-même? On peut en débattre!). À ce propos je vous conseille l’excellente émission des Pieds sur Terre sur les éleveurs de porcs en Bretagne, et sur comment un éleveur industriel étranglé jusqu’au cou par les dettes et la pression du financement productiviste en place préfère nier l’émotion dans les yeux du cochon, en comparaison d’un éleveur plus petit qui permet à ses cochons des périodes de vie en extérieur, et qui confirme pleinement leur intelligence derrière le regard : https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/journal-breton-58-dans-les-yeux-des-porcs

Je me souviens m’être atterrée d’une émission d’Arte, pourtant bienvenue, qui explorait l’intelligence animale et leurs différentes compétences, dont l’empathie, comme s’il s’agissait d’une révélation inédite. Il faut donc débourser des millions en recherche pour prouver aux adultes du monde ce qu’on sait et qu’on ressent spontanément à 5 ans ? Tant mieux qu’on étudie nos congénères animaux et leurs particularités pour entre autres rectifier nos tendances anthropomorphiques, par contre, quelle tristesse d’être à ce point capable de se leurrer pour penser comme les adultes au point de croire nous-même que les animaux sont idiots et dénués d’émotions jusqu’à qu’on nous prouve le contraire par des études scientifiques. Un peu de confiance en nos perceptions sensibles serait bienvenu, non ?

CHUT ! Je lui parlai donc. Je lui demandai comment elle allait depuis la dernière fois. S’ils avaient pu sauver leur congénère que je pensais à ce moment être un vieillard, s’ils allaient mieux, etc.

S’établit entre nous comme un code de communication. La corneille perchée, me prêtait attention et me répondait. Puis elle changeait d’arbres plusieurs fois, en m’attirant au pied de leur tronc comme si elle voulait me montrer quelque-chose. Je la questionnais sur ce qu’elle désirait me montrer. Soudain, elle s’envola sur un arbre un peu plus loin que ceux qui bordaient le chemin, dans les hautes herbes. Je la regardai depuis ce chemin, pensant que peut-être elle partait simplement de notre discussion. Et c’est à ce moment, qu’un croassement résonna du pied de son arbre.

Au sol, l’individu grisonnant de l’autre jour manifestait sa présence. Surprise, à la fois triste de la situation et heureuse qu’il soit encore vivant, je regardai la corneille perchée. J’éprouvais une profonde empathie pour la solidarité de ces corneilles en pensant à quel point elles devaient être fatiguées de devoir ainsi veiller en permanence sur leur congénère blessé à ce même endroit, en plus de leurs missions quotidiennes de chasse depuis déjà une semaine.

J’interprétai notre communication comme une demande de sa part de les aider. Alors, pour mieux comprendre, je m’approchai de l’individu au sol, qui s’éloigna de moi en sautillant. La corneille perchée vola près de ma tête, comme un réflexe instinctif de protection. Je m’arrêtais. Et repartis sur le chemin.

En plein désarroi, j’y connaissais rien en corbeaux, je ne savais pas bien comment je devais agir. Je continuai ma route initiale, mais la corneille perchée me suivait, et volait à m’en barrer le chemin chaque fois que j’avançais hors de la zone. Comme si elle exigeait de moi d’agir, et de ne point fuir.

Je m’arrêtais donc regarder sur mon téléphone devant elle, les contacts que je pouvais mobiliser. Tout en lui expliquant ce que je faisais. J’envoyai un message à Geneviève de la Cour des Aulnays qui est si investie auprès des animaux afin de savoir si elle pouvait m’informer vis à vis des corbeaux. J’appelai la LPO qui me donna le numéro des Centres de la Faune Sauvage les plus proches, et je leur laissai des messages sur leurs répondeurs. Geneviève m’avertit du risque mortel à les déposer chez des vétérinaires, entre autres soutiens. Je tâchai de poursuivre ma route pour accomplir mes missions initiales, mais la corneille semblait ne pas vouloir que je parte, même si je lui expliquais que je m’occupais de la situation, et que je reviendrai pour les aider. Même je lui manifestai gentiment mais fermement mon désaccord à ce qu’elle me vole si près de la tête, mise au point qu’elle sembla par la suite respecter, en volant près de moi mais à une meilleure distance. Mes courses terminées, des croquettes de chat achetées en ayant vu que c’était conseillé pour nourrir les corneilles, j’abandonnai ma mission initiale de manifestation contre les crimes policiers pour me concentrer sur la mission rencontrée en chemin.

En revanche, avant d’entreprendre quoique ce soit, je voulais avoir le ventre plein et des indications de gens compétents, alors je rentrai chez moi attendre que les Centres de la Faune Sauvage ne répondent et manger mon déjeuner. Sauf que…

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